Impact des foyers traditionnels sur la valeur économique du travail non rémunéré des femmes

Les équipements de cuisson les plus fréquents dans les ménages au Bénin en 2015 sont les foyers traditionnels qui occupent 87 %. En Avril 2022, sur un échantillon de 531 femmes enquêtées en milieu rural ; 58,75 % utilisent encore les foyers traditionnels. Les foyers traditionnels ont des impacts négatifs sur les femmes à qui incombent en général les travaux liés à la collecte du bois et à la préparation des repas. En effet, ces foyers consomment beaucoup de bois et poussent les femmes, notamment en milieu rural, à parcourir chaque mois jusqu’à 130 heures à pied pour collecter du bois.

Le travail non rémunéré désigne tous les services non rémunérés fournis à ses membres au sein d’un ménage, y compris les soins aux personnes, les tâches ménagères. Dans cette étude, sont considérées comme relevant du travail non rémunéré, les activités suivantes : la collecte du bois, la collecte d’eau, la cuisine, la lessive du ménage, le nettoyage de la maison, les courses du ménage, le repassage des habits, les soins aux enfants, les soins aux personnes âgées ou/et aux handicapés et les déplacements du ménage.

Dans le monde, 606 millions de femmes en âge de travailler se déclaraient n’être pas disponibles pour occuper ou chercher un emploi du fait de leurs activités non rémunérées selon le rapport de l’Organisation Internationale du Travail sur le travail de soins non rémunérés élaboré en 2020. De plus, les femmes prennent en charge 76,2 % du total des heures consacrées aux activités non rémunérées. En effet, l’importance des heures allouées au travail non rémunéré a des implications importantes pour l’autonomisation économique des femmes.

Au Bénin, les femmes passent en moyenne par jour 3 heures 41 minutes pour le travail non rémunéré selon le rapport de l’Organisation Internationale du Travail de 2018. Dans l’ensemble, les femmes consacrent plus du temps aux activités non rémunérées et sont plus impliquées en termes de participation et du temps consacré au travail non rémunéré. L’autonomisation économique des femmes appelle à la reconnaissance et à la valorisation du travail non rémunéré.

Études de cas des femmes ayant utilisé les foyers traditionnels et leurs temps alloués au travail non rémunéré

L’étude est faite dans cinq communes du Bénin ; Adjarra, Avrankou et Dangbo situées dans le département de l’Ouémé ; Ifangni et Sakété situées dans le département du Plateau. Toutes les femmes de cette étude sont en couple et vivent dans un ménage. En effet, le temps d’occupation au travail domestique et soins non rémunérés de certaines femmes utilisant les foyers traditionnels est présenté.

Madame FAGBEMI Marthe âgée de 45 ans vivant à Ifangni alloue 17,05 heures par jour au travail non rémunéré. Elle a une taille du ménage de 7 personnes. La valeur économique de son travail non rémunéré s’élève à 126 962,7 FCFA.
Madame Adjarra madame ADJAHO Claire âgée de 44 ans consacre 17,02 heures au travail non rémunéré et possède 10 personnes dans son ménage. La valeur économique de son travail non rémunéré est évaluée à 109 493,2 FCFA.
Madame DOSSOU Andila âgée de 28 ans vivant à Avrankou affecte 10,05 heures par jour au travail non rémunéré. Elle a une taille du ménage de 2 personnes. La valeur économique de son travail non rémunéré s’élève à 60 650 FCFA.
Madame Dah Mankpon Collecte habitant à Dangbo alloue 14,75 heures au travail domestique et soins non rémunérés. La valeur économique de son travail non rémunéré est estimée à 70 662,5 FCFA. Elle a 6 personnes vivant dans son méar ailleurs,
Dans la commune de Sakété, OGOUBIYI Affoussath âgée de 41 ans consacre 11,45 heures au travail domestique et soins non rémunérés. La valeur économique de son travail non rémunéré est évaluée à 66 737,3 FCFA. La taille de son ménage est 5.

Ainsi, en moyenne et par jour, les femmes utilisant les foyers traditionnels allouent 15 heures 6 minutes au travail non rémunéré en milieu rural et celles utilisant les foyers améliorés y affectent 14 heures 22 minutes.

En conséquence, on retient que la valeur économique mensuelle moyenne du temps du travail non rémunéré des femmes utilisant les foyers traditionnels est plus élevée (106 820 FCFA) que celle des femmes utilisant les foyers améliorés (103 753 FCFA).

Impact des foyers traditionnels sur la valeur économique du temps du travail non rémunéré des femmes

Selon les résultats estimés, les femmes qui combinent les foyers traditionnels et les foyers améliorés connaissent une hausse de leur valeur économique mensuelle du temps du travail non rémunéré d’une valeur de 9 580 FCFA en adoptant uniquement les foyers traditionnels.

En conclusion, l’utilisation des foyers traditionnels augmente la valeur économique mensuelle du temps du travail non rémunéré des femmes.

Politiques visant à réduire le temps du travail non rémunéré des femmes

Au regard des résultats estimés, plusieurs politiques peuvent être envisagées. Le manque d’accès à l’eau accroit la valeur économique du temps du travail non rémunéré des femmes ; il faudrait donc accélérer et accroître les politiques d’accès à l’eau dans les milieux ruraux.

Ensuite, il faudrait aussi mettre en place des politiques de sensibilisation sur le travail non rémunéré surtout en milieu rural afin d’aider les femmes à discipliner leur temps d’occupation au travail non rémunéré.

Enfin, les décideurs publics devront aussi mettre en œuvre en milieu rural des politiques de formations en diverses activités génératrices de revenus qui réduisent l’utilisation des foyers traditionnels.