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Accès limité aux ressources : L’entrave majeure à l’autonomisation économique des femmes en Afrique de l’Ouest

L’autonomisation économique des femmes peut être définie comme étant le processus par lequel les femmes acquièrent plus de pouvoir pour participer pleinement à l’économie, contrôler et gérer les ressources économiques nécessaires et de participer à la prise de décisions économiques sans dépendre de l’approbation de tiers. Moghadam & Senftova en 2005 disaient à ce sens que la participation économique des femmes est considérée comme une des conditions pour réaliser leur autonomisation d’après. Cependant, l’accès limité aux ressources constitue un obstacle majeur à l’autonomisation économique des femmes en Afrique de l’Ouest.

Les ressources économiques limitées

Le revenu : pas de d’activités, pas de rémunération

La femme occupe une place centrale dans l’économie domestique et du bien-être. Elle est au cœur de l’équilibre familial, culturel, sanitaire et social. En effet, la majeure partie des femmes ont un quotidien qui se résume à s’occuper de leurs enfants et à effectuer les différentes tâches ménagères. Il ne leur reste souvent que peu de temps pour exploiter de nouvelles perspectives économiques. Elles sont souvent confrontées à des difficultés d’accès aux ressources économiques en raison des charges de famille. Ce qui les empêche de participer à des activités génératrices de revenu et d’être autonome. A cet effet, des études ont montré que les horaires surchargés des femmes par leur travail domestique limitent leur capacité à s’engager dans des activités génératrices de revenu. Ce qui entrave leurs possibilités de développer d’autres activités productives et rémunératrices. C’est pour cette raison que les femmes sont nettement moins disposées à se lancer dans l’entrepreneuriat que les hommes. Elles sont donc sujette de discrimination au travail non rémunéré en raison de la surcharge du temps domestique.

S’enrichir les femmes accroît sa charge de travail et les cantonne dans des activités économiques. Cela passe par la libération d’une partie du temps domestique vers des activités génératrices de revenu.

La propriété : pas d’investissement, pas de revenu

La propriété d’un bien foncier représente, pour les femmes, une importante source de financement et une garantie d’obtention de crédit et d’accès à d’autres formes d’actifs de production. L’absence de droits de propriété sécurisés et de contrôle des actifs limite la capacité des femmes à investir ou à accéder à des crédits, freinant ainsi leur productivité et leurs revenus. En effet, moins de 15% des propriétaires de terres agricoles sont des femmes en Afrique sub-saharienne avec 8 % des propriétaires fonciers . Les femmes possèdent et contrôlent moins de terres et de biens par rapport aux hommes. Ce qui montre la discrimination à l’égard des femmes qu’elles subissent encore dans la propriété.

Les sources de financement : pas d’actifs, pas de crédits

La femme a beaucoup plus de difficultés à accéder aux services financiers tels que les prêts bancaires, les comptes d’épargne, et les assurances en raison de la discrimination systémique et des exigences de garantie difficilement accessibles pour elles. Seulement 35% des femmes en Afrique de l’Ouest ont accès à des services financiers formels, comparé à 58% des hommes. En effet, elles n’ont souvent pas d’actifs en propre à offrir en garantie pour accéder aux crédits. Elles accèdent à seulement 10 % du crédit disponible en Afrique de l’Ouest . Cette exclusion financière empêche les femmes d’investir dans des entreprises, d’améliorer leurs compétences ou d’acheter des actifs productifs. Elle limite ainsi leurs opportunités économiques causées principalement par un manque de garanties. Ainsi, la banque mondiale affirme que « l’amélioration de l’accès direct des femmes aux ressources financières revient à potentialiser les investissements sous forme de capital humain en promouvant la santé, la qualité de la nutrition et l’instruction des enfants ».

Témoignage d’une femme entrepreneure :

Kouna Diop, âgée de 38 ans et mère de deux enfants, a réussi à être autonome grâce à un programme de développement communautaire. « Auparavant, ma vie se limitait aux travaux domestiques. Chaque jour, je me réveillais à l’aube pour m’occuper de la maison, préparer les repas, nettoyer, et prendre soin de mes enfants. Dans mon village, c’était normal pour les femmes de passer leur vie ainsi. Nous n’avions ni terre à cultiver, ni opportunités pour gagner de l’argent par nous-mêmes. Tout ce que nous faisions, c’était pour notre famille, sans rien en retour pour nous.

Mais un jour, tout a changé. Un programme de développement est arrivé dans mon village, offrant aux femmes la possibilité d’accéder à de petites parcelles de terre et à des prêts bancaires. J’ai reçu un petit bout de terre et un prêt bancaire pour acheter des semences et des outils. Au début, je ne savais pas vraiment ce que je faisais. Mais petit à petit, j’ai appris. Je me suis levée tôt pour travailler dans les champs après avoir fait les corvées habituelles. Chaque jour était un défi, mais aussi une occasion d’apprendre et de grandir. C’était un travail difficile, mais voir les fruits de mon labeur m’a donné une nouvelle énergie.

Lorsque j’ai vendu mes premiers légumes au marché, j’ai ressenti une fierté que je n’avais jamais connue. Avec l’argent que j’ai gagné, j’ai pu acheter plus de semences, agrandir mon jardin, et même embaucher quelques voisins pour m’aider. Je suis une maraichère. Mes légumes nourrissent ma famille et d’autres dans le village. Mes enfants vont à l’école grâce à ce que je gagne. Nous avons accès à des soins de santé que je n’aurais jamais pu me permettre avant. Je ne suis plus seulement une femme au foyer. Je suis une entrepreneure, une femme autonome. Et tout cela a été possible parce que j’ai eu accès à des ressources auxquelles je n’aurais jamais pensé avoir droit un jour. Ma vie a changé, et celle de ma famille aussi. Je veux que mon histoire montre à d’autres femmes qu’il est possible de sortir des rôles traditionnels et de construire une vie meilleure. Tout ce qu’il faut, c’est une opportunité et le courage de la saisir. »

Sans accès à ces ressources économiques, il est extrêmement difficile pour les femmes de se développer de manière durable et autonome.

Initiatives prometteuses

Pour développer des activités génératrices de revenu, il est donc nécessaire de faciliter la création de réseaux de femmes entrepreneurs pour partager les meilleures pratiques et opportunités.

L’implication des femmes à la production de la richesse au niveau national et mondial, participe au renforcement de leur pouvoir d’action et leur donne plus de contrôle et d’influence sur leur vie et leur devenir.

En fournissant une gamme de services financiers, y compris des crédits pour les petites et micro-entreprises, des facilités d’épargne, une assurance, des pensions, des facilités de transfert, la mise en place des subventions et des prêts à taux réduit peut contribuer à l’autonomisation économique des femmes.

En versant des subventions pour la garde des enfants et des aides ménagères peut participer à la réduction du temps des travaux domestiques.

En investissant dans l’autonomisation économique des femmes, nous investissons dans un avenir plus juste, plus équitable et plus durable pour tous. Pour se faire, l’intégration des femmes dans le marché du travail formel et informel, et leur accès à des emplois décents seront des moyens efficaces pour leurs épanouissements.

L’autonomisation des femmes dans les pays les moins avancés est aujourd’hui l’un des priorités majeures des États pour réduire les différentes inégalités qui existent entre les hommes et les femmes. Elle est aussi un facteur indispensable de paix et de progrès social, économique et environnemental. Donner aux femmes le droit de choisir leur vie en toute autonomie, partout dans le monde, est l’une des clés pour relever les défis de ce siècle.

Malgré les efforts consentis par les États, l’autonomisation économique des femmes reste encore peu reluisante. Ce constat requiert de mettre en œuvre une stratégie de sensibilisation et de plaidoyer proactive sur les impératifs de l’égalité des genres en Afrique.

 

FAUEFAO
Forum pour l’autonomisation économique des femmes

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