Qu’est ce qu’un Bissongo ?

Le Bissongo est un service socioéducatif qui a été mis en place au niveau communautaire par l’état burkinabé pour soulager les mères des zones rurales en ce qui concerne l’occupation et les charges non rémunérées liées à l’entretien des enfants pour qu’elles puissent s’intégrer sur le marché du travail. Ces structures sont créées sur demande de la communauté avec pour condition préalable leur engagement.

Cet engagement inclut que la communauté fournisse le site de l’implantation du Bissongo, les infrastructures, les monitrices, l’alimentation des enfants, etc. Néanmoins, la communauté peut bénéficier de l’aide des mairies et des ONG à travers des dons en vivre, en équipements et en infrastructure. Mais la pérennité des Bissongo dépend donc de l’engagement et de l’accompagnement de la communauté. Ils bénéficient également du soutien des ONG, des mairies, à travers des dons de vivres, de matériel, etc.

Ces structures sont adaptées au milieu rural avec des contributions n’excédant pas en moyenne 2500 par an et par enfant. La multiplication de telle structure en milieu rural offre des opportunités d’emplois et d’entrepreneuriat pour les femmes rurales, réduisant ainsi les vulnérabilités économiques des femmes.

Contribution des Bissongo à la participation accrue des femmes rurales sur le marché du travail

Les Bissongo permettent aux femmes en zone rurale de se libérer des soins et l’entretien des enfants et de consacrer davantage de temps au travail rémunéré, à l’entrepreneuriat ou à d’autres activités. L’exemple d’une étude du GRAAD sur « l’impact des programmes socio-éducatifs communautaires d’encadrement de la petite enfance sur l’autonomisation de la femme des zones défavorisées du Burkina et de la Côte d’Ivoire » a révélé que 97,13% des mères utilisatrices des Bisongo ont affirmé que les Bisongo ont eu une différence positive dans leur vie.

Elles situent ces différences positives à travers la réduction du temps consacré aux travaux domestiques, la hausse du temps consacré aux activités professionnelles, la hausse du revenu et la hausse du temps de loisirs. Les mères utilisatrices ont en moyenne un gain de temps de 3,55 heures dont 3,53 heures est allouée aux activités génératrices de revenus. C’est le cas de certaines mères utilisatrices des Bissongo qui une fois leur enfant déposé dans les Bissongo, arrivent à se rendre dans les villages voisines pour vendre leurs marchandises les jours de marché.

Les propos d’un agent d’une ONG de Koudougou interviewé lors de l’étude du GRAAD illustre bien ces résultats en ces termes : « …Les Bissongo permettent aux femmes de se libérer pour mieux vaquer à leurs activités. Dès que l’enfant est amené à l’école, la mère est libérée et elle peut vendre et même aller dans les villages environnants écouler ses marchandises… ».

L’accès des bissongo permet à la femme rurale d’accéder à des emplois pour celles dont la garde des enfants constituait un obstacle. Pour celles qui étaient obligées de travailler à domicile afin de veiller sur leurs enfants, peuvent désormais exercer leurs activités en dehors du domicile et saisir les opportunités qui s’offrent à elles.

Les Bissongo, un facteur d’accroissement des revenus de la femme en milieu rural

L’allocation du temps gagné aux activités génératrices de revenus (AGR) augmente la productivité et par la même occasion le revenu des mères utilisatrices qui ont une AGR. Les mères utilisatrices commerçantes ne sont plus obligées d’amener les enfants sur leur lieu de commerce et de vendre leur marchandise tout en s’occupant de leur enfant. Travailler tout en s’occupant des enfants dans les marchés pourrait affecter l’achat des marchandises des mères. Par exemple, En voulant acheter des légumes dans un marché à Ouagadougou, j’ai dû attendre que la commerçante de légumes aille récupérer son enfant qui s’est retrouvé vers les toilettes avant de venir me vendre les légumes. Face à ces cas similaires qui sont récurrents dans les marchés, si la cliente n’est pas patiente et compréhensible, elle peut s’en aller et la commerçante perdra une recette de la journée. Mais avec les bissongo, l’enfant est laissé à la monitrice à partir de 8h. Ce qui permet à la mère de se rendre plutôt dans les marchés et de se concentrer sur la vente de ces marchandises pendant les heures rentables de la journée généralement qui sont les matins. Cette réallocation des heures contribue à l’amélioration du revenu des femmes commerçantes.Les Bissongo donnent l’occasion aux femmes en milieu rural d’ accéder à des emplois mieux rémunérés. En effet, certaines mères se contentent des emplois mal payés ou d’un travail à domicile dont la flexibilité des heures de travail leur donne plus de temps pour veiller sur leurs enfants. Mais avec les Bissongo, elles ont la possibilité d’occuper des emplois mieux payés tout en exerçant leurs activités hors du domicile familiale sans s’inquiéter de la garde des enfants.

Un des résultats du GRAAD a montré que les mères utilisatrices de Bissongo enregistrent des revenus élevés comparativement aux mères non-utilisatrices (GRAAD, 2022).

Avec ces revenus issus de ces AGR, les femmes rurales participent aux dépenses du ménage et paie la

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contribution demandée dans les Bissongo. Cette position lui permet de participer aux décisions en rapport avec l’éducation des enfants renforçant ainsi son pouvoir de négociation dans le ménage (Boateng et al., 2012). La réponse d’un agent de l’OCADES à la question « Est-ce que les bissongo ont un impact positif sur le ménage ? » est illustrative quand il laisse entendre ceci lors d’un entretien : « …Oui parce que lorsque la femme est libérée de la garde des enfants, elle devient productive pour la famille et participe aux dépenses de la famille, donc ça contribue au maintien de la cohésion sociale au sein du ménage ». Les Bissongo constituent une forme efficace de prestation de services pour la garde d’enfant en milieu rural. Elles présentent beaucoup d’avantages pour l’autonomisation économique de la femme. Certaines mères utilisatrices conscientes de ces avantages demandent que les heures de garde d’enfant soient prolongées jusqu’à 16h pour leur permettre d’exercer leurs activités les après-midi. Cependant le caractère communautaire des Bissongo pose le problème de leur viabilité et durabilité dans certaines localités. Des sensibilisations sur l’importance et la philosophie autour des Bissongo sont à faire au sein des communautés et en particulier auprès des femmes rurales afin de permettre leur engagement à long terme. Par ailleurs, l’État doit travailler à déconstruire les idées préconçues sur l’enseignement préscolaire et l’utilisation des Bissongo en milieu rural.