D’un prêt de 42.000 francs CFA, Honorine Nassa brasse des dizaines de millions grâce aux foyers améliorés.
Engagée dans la promotion des foyers 3 pierres améliorés auprès des femmes de Bissa, un village de la commune de Sabcé, province du Bam à 75 km de Ouagadougou dans la région Centre-Nord, Honorine Nassa est une entrepreneure à succès.
Honorine Nassa était loin d’imaginer que l’adoption des foyers améliorés dans sa famille allait faire d’elle une entrepreneure prospère. Elle, qui jadis avait du mal à joindre les 2 bouts, est aujourd’hui la patronne d’une cantine pour les travailleurs de la mine de Bissa gold et les nombreux orpailleurs qui exploitent le minerai dans le village du même nom. Autrefois confinée au travail de soins non rémunérés (TSR), elle est aujourd’hui propriétaire d’un restaurant qui produit des millions de francs CFA.
Mais comment tout cela a-t-il commencé ?
Tout est parti de l’initiation à la confection de foyers 3 pierres améliorés par l’association tiipalga, selon Mme Nassa. Dans un premier temps, c’était uniquement destiné à son usage personnel. Elle assure que les foyers améliorés lui ont permis de réduire sa consommation de bois de chauffe de moitié. “En plus de réduire ma souffrance pour trouver du bois et faire la cuisine, les foyers améliorés ont changé ma vie. Avant, ma seule activité consistait à aider mon époux dans le champ familial, car je n’avais rien pour me procurer des cochons ou des chèvres comme le font certaines femmes. Je ne pouvais même pas m’acheter une chaussure, n’en parlons pas de trouver des habits pour chacun de mes 10 enfants. C’était difficile de manger à satiété également mais désormais c’est un vieux souvenir”, raconte-t-elle.
La sororité récompensée
Dans un deuxième temps, Dame Nassa, monitrice endogène pour la diffusion des foyers améliorés a réussi à promouvoir ce bijou culinaire, si bien que 80 femmes du village l’ont adopté. L’engagement de Honorine Nassa va attirer l’attention des acteurs du développement local. C’est ainsi qu’elle a bénéficié d’un prêt de 42 400 FCFA de la part de tiipalga.
“Avec cet argent j’ai acheté une boite de nescafé, du thé, du sucre, du lait, des verres et confectionné une petite table et 2 bancs pour proposer du café et des petits gâteaux aux travailleurs de la mine” se rappelle-t-elle. Plus tard, dans sa petite échoppe, Honorine commence à proposer des arachides et divers autres « amuse-gueules » à sa clientèle, jusqu’en 2019.
Tirer profit de la crise du COVID
À l’avènement de la COVID, les travailleurs de la mine ont été confinés. Nostalgiques des repas « fait maison », Ils font recours aux bons soins de dame Honorine. « La doléance a été formulée par plus d’un. J’ai acheté une tine de farine et j’ai commencé à préparer le tô (plat local à base de mil). C’est le début de la success story d’une ménagère devenue gérante d’un restaurant.
« Dès le début, les clients ont bien apprécié mes plats. Je n’utilise que des condiments naturels comme le soumbala. Je suis vite passée de 2 tines à 2 sacs de farine. Pour varier le menu, j’ai ajouté du riz le matin, ainsi que de la soupe de viande. Aujourd’hui je rends grâce à Dieu et à mon financeur l’association tiipalga”, ajoute-t-elle.
Cette reconnaissance a tout son sens. Parce que la restauratrice enregistre désormais un chiffre d’affaires journalier moyen de 80 000 francs CFA. Soit presque le double du prêt qui a servi au démarrage de ses activités.
Plus de 33 millions…
Son entreprise est si prospère qu’elle a recruté aujourd’hui 6 collaboratrices permanentes. Sans oublier le boucher qui lui livre chaque jour au moins un petit ruminant, et un autre jeune du village qui s’occupe de l’abattage des animaux lorsqu’elle arrive à conclure une bonne affaire avec un berger.
Honorine Nassa a réinvesti une partie de ses bénéfices pour aider Jacqueline et Apollinaire 2 de ses 10 enfants. « Lorsque tous les habitants du village dans lequel elle vivait avec son époux, Jacqueline est venue se réfugier chez nous avec ses enfants à cause de l’insécurité. Je l’ai aidé à s’installer à son propre compte. Elle tient un restaurant qui propose d’autres mets comme le haricot, l’attiéké et le poisson. Mon fils Apollinaire n’a pas eu la chance d’être embauché, mais aujourd’hui, il a atteint son autonomie financière avec l’élevage de volaille », dit-elle fièrement.
Pour Brahima Savadogo, chargé de programme de l’association tiiplaga dans le Bam, Honorine Nassa est une bénéficiaire modèle du projet d’efficacité énergétique : diffusion des F3PA pour la cuisson des aliments au Bam-Loroum. “L’objectif de ce projet est de contribuer à lutter contre les changements climatiques par la promotion des foyers améliorés”, précise-t-il. Il se réjouit de cet exemple de développement durable en phase avec les objectifs de son projet. « L’activité de Honorine n’est pas en conflit avec l’environnement, car les repas servis sont cuisinés avec des foyers améliorés. De plus comment ne pas se réjouir de voir cette femme réaliser un bénéfice net de 33 millions 585 mille FCFA en seulement 8 ans après le premier prêt de 42 400FCFA”, renchérit-il.
M. Savadogo a par ailleurs confié qu’à l’instar de Honorine Nassa, 4487 autres relais locaux du projet ont bénéficié de prêts d’un montant cumulé de 126 millions FCFA. “ A ce jour, elles ont remboursé 96 millions 321 mille 900 FCFA. Le montant des intérêts générés et transformés en fonds propres se chiffre à 66 millions 391 mille 170 FCFA”, a assuré Brahima Savadogo.