La mise en place de mécanismes pouvant permettre la réduction et la pénibilité du travail des femmes semble plus que nécessaire pour accroître la productivité des femmes et renforcer leur autonomisation économique. Une telle initiative, tenant compte de la condition de la femme, passe naturellement par l’amélioration de l’accès aux services de garde d’enfant. Ceci permettra de pallier aux carences du code du travail relatives au congé de maternité.
Dans le secteur privé, la responsabilité sociétale d’entreprise (RSE) pourrait être mise à contribution dans le but de satisfaire cette vieille doléance que certaines entreprises du secteur public et parapublic comme la radiodiffusion télévision sénégalaise (RTS) ont inscrite dans le registre des vieux souvenirs.
Une législation sur le congé de maternité défavorable
Le code du travail en son article 143 alinéa 1 prévoit : « A l’occasion de l’accouchement, et sans que cette interruption puisse être considérée comme une cause de rupture de contrat, toute femme a le droit de suspendre son travail pendant quatorze semaines consécutives, dont huit semaines postérieures à la délivrance. ». Une interprétation a contrario de cette disposition législative montre que la femme employée dans une entreprise est tenue de rejoindre son poste seulement deux mois après l’accouchement.
Hors, la réalité médicale montre que c’est précisément durant cette période que la femme a plus besoin de ce repos liée à la condition même du nouveau-né. Un tel état de fait oblige beaucoup de femmes, face à cette situation, à quitter leur emploi pour se consacrer à la garde de leur enfant.
Une solution à cette situation préjudiciable à la stabilité économique et même socio-culturelle de la femme serait la mise en place de garderie d’enfant de proximité à même de permettre aux femmes travailleuses de reprendre leur service et d’accorder à leurs enfants le strict minimum (allaitement, rapprochement…).
La responsabilité sociétale d’entreprise (RSE)
Une telle solution semble à portée de main pour les entreprises du secteur privée qui peuvent déclencher le levier de la responsabilité sociétale d’entreprise (RSE).
La responsabilité sociétale d’entreprise (RSE), la solution à la mise en place de garderie dans les entreprises du secteur privé. La responsabilité sociétale d’entreprise est définie par la commission européenne comme : « l’intégration volontaire, par les entreprises, de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec les parties prenantes ».
La première préoccupation sociale des entreprises devrait être de mettre leur personnel dans les conditions optimales de performance. Et pour les femmes, la meilleure façon de parvenir à cette fin serait de leur mettre à l’abri dans la prise en charge de leur nouveau-né.
Ainsi, l’État devrait exiger de chaque entreprise du secteur privé dont les 10 pour 100 du personnel sont constitués de femme à mettre en place une garderie de proximité dans ses locaux. En effet, cette innovation d’envergure permettra aux femmes travailleuses de la boite d’avoir un libre accès à cette garderie moyennant bien entendu une contribution financière pour la couverture des charges liées au fonctionnement de l’institution, et permettre ainsi à celles-ci de poursuivre dans la plus grande quiétude leur travail.
Cette prouesse, des entreprises du secteur public l’ont réussi au Sénégal.
Avec la réalisation du tour de dix étages, la radiodiffusion télévision sénégalaise (RTS) s’est dotée d’une garderie d’enfants dans ses locaux afin de permettre à ses travailleurs de travailler en toute sérénité et de se départir de la hantise de l’accès au service de garderie. C’est ainsi que cette référence dans le secteur de l’audiovisuel sénégalais a amélioré de façon sensible les conditions de travail de ses agents ; contribuant par la même occasion au renforcement de leur autonomisation économique.
Dans un rapport réalisé par ONU-Femmes en 2016 en collaboration avec l’agence nationale de la statistique et de la démographie il est écrit : « Nonobstant les efforts fournis par les autorités politiques notamment dans le cadre de la parité, la situation socioéconomique (des femmes) demeure difficile. Elles sont plus touchées par les phénomènes comme le chômage, le sous-emploi, entre autres ».
A la lumière de ce qui précède, il apparaît que l’accès aux services de garde d’enfants est primordial pour accroître les performances professionnelles des femmes et renforcer leur autonomisation économique. Dans les entreprises du secteur privé, le levier de la responsabilité sociétale d’entreprise s’avère très utile pour la résolution de cette équation.
Par contre dans le secteur public et parapublic, l’apport de l’État par un appui financier mais également un renforcement du dispositif juridique pourrait à terme conduire à une diminution considérable de l’inaccessibilité des services de garde d’enfants et permettre ainsi aux femmes de prétendre de façon légitime à une autonomie économique.
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